Cette fois-ci mes clients étaient 3 jeunes filles de Paris.
Les vrais back -packers avec leurs sac-à-dos sont descendues du train à 6 :40 du matin. Le train de nuit de Saint-Pétersbourg arrive vraiment tôt à la gare de Pétrozavodsk. Il faut se réveiller en avance, calculer le temps pour s’habiller, faire sa toilette et être en pleine forme pour l’aventure de la journée.
Mais l’avantage est évident : plus tôt on arrive – plus de temps on a pour profiter de cette région magnifique qui se trouve très proche de Saint-Pétersbourg et même de Moscou à l’échelle de la Russie. 400 km en train depuis la ville de Pierre. De nuit il faut compter 8 ou 9 heures et le jour 5 heures.
Ces jeunes parisiennes très sympatiques se sont comportées tout de suite comme si on se connaissait depuis longtemps. Je me suis sentie très à l’aise avec elles dès les premières minutes. En plus elles avaient à peu près le même âge que moi. C’est pas très typique à vrai dire, la plupart de mes clients sont dans les 40-50 ans ou bien ce sont des familles avec des enfants, qui ne sont pas moins intéressants d’ailleurs.
Je crois que pour venir en Russie hors des deux capitales il faut avoir un intérêt particulier pour ce pays. C’est ce qui m’a amené a ce travail : l’envie d’aider les gens à trouver et à vivre leur passion.
Alors mon objectif était de leur faire découvrir la Carélie en une seule journée ! Pas facile mais vu que leur choix est tombé sur la fameuse île de Kizhi, ça rendait possible cette mission!
Après le petit déjeuner au café Kivach (le seul ouvert dans la ville à cette heure matinale) nous partons vers le quai du lac Onéga.
Olèg, notre chauffeur, nous attend devant sa grosse voiture : un monster-truck avec des pneus à basse pression. «Cette voiture a été produite à l’usine LADA pour GAZPROM afin de pouvoir passer par les marais pour les recherches du gaz !» - ce qu’il nous explique apès nous avoir instalées. Fier de son «tank », il partage avec nous sa passion de ce 4x4 énorme qu’il utilise pour aller à la chasse, amener les pêcheurs aux meilleurs coins ou évidemment conduire les passionés de l’architecture en bois comme nous à l’île de Kizhi.
Le temps est nuageux et le brouillard est descendu sur le lac. Après être sortis du golfe où se trouve Pétrozavodsk nous nous dirigeons vers l’archipel de Kizhi en traversant la partie ouverte du lac Onégo. C’est un moment fantastique quand on à l’impression de se trouver nulle part... Notre voiture perse le blanc absolut : aucune ligne de l’horizon n’est visible, comme si nous étions sur la lune ou bien dans un bol de lait.
Après une demi-heure dans une telle ambiance psychédéliques nous trouvons le premier repère – un phare sur une petite île rocheuse.
Nous ne nous arrêtons pas car le guide sur Kizhi nous attend et il faut être à l’heure. En sortant de la voiture n’importe où on risque de se mouiller les chaussures à cause de cet hiver très chaud : les températures tournent autour de zéro depuis quelques jours. A des endroits les roues de notre véhicule cassent la glace et l’eau sort par les fissures en formant 2 rivières derrière nous. Mais heureusement, les énormes roues sont conçues pour flotter.
du nord au sud fait 290 km et 82 km d’Est à Ouest. La surface totale fait 224 km2. Si l’hiver est bien froid comme d’habitude l’épaisseur de la glace peut atteindre 1 mètre!
Après avoir dépassé le phare nous entrons dans la zone des îles. C’est la partie du lac où la plupart des îles sont concentrées. On en compte 1650 au total sur tout le lac : des miniscules avec de la place pour un seul arbre jusqu’à des immenses habritant plusieurs villages.
En faisant des virages entre ces îles – parfois traversant des presqu’îles pour couper la distance jusqu’à Kizhi – nous arrivons enfin au fameux musée d’architecture en bois.
Kizhi nous acceuille par la sérénité et un sourire du guide du musée. L’excursion nous montre l’ensemble avec la visite de l’intérieur de l’église d’été avec ses anciennes icônes et la maison des paysans et son décor traditionnel.
Nous avons encore le temps de se balader sur l’autre partie de l’île qui est rarement visitée par les touristes.
Encore 2 heures environ nous nous baladons dans des villages déserts avec de rares habitants qui nous croisent parfois. Il n’y a pas d’autres touristes – l’île de Kizhi n’est que pour nous!
Lors du retour vers la ville nous nous arrêtons au bord d’une île à l’abri du vent pour faire une pose pique-nique.
Surprise ! Un vrai feu de camps où on peut griller des saucisses et du pain ! Notre chauffeur est un vrai Merry Popins – il a tout dans sa voiture : navigateur, hache, réchaud à gaz et un grand tire – bouchon !
Après le déjeuner nous nous arrêtons pour tirer le bouchon ... pardon, pour creuser la glace ! Oui, avec ce tire-bouchon gigantesque un seul pêcheur Carélien creuse un trou en quelques minutes. Ce n’est pas facile du tout, il faut avoir de la force, surtout à la fin. La gace est plus dure dans sa partie qui est en contact avec l’eau. Après une courte démonstration par Olèg, les filles y arrivent à trois!
Nous goûtons l’eau du trou percé qui a un goût délicieux. L’eau ici est très propre, on peut la boire comme ca sans soucis.
Le jour commence à se cacher, laissant place à la nuit. Nous rentrons à Pétrozavodsk dans l’obscurité, contentes et heureuses. J’amène les filles à la gare. Aujourd’hui elle ont eu une longue journée – une vraie expédition en 4X4, visite de l’église construite sans aucun clou, randonnée sur l’île, pique-nique au feu de camps ... Des bons souvenirs à ramener en France et à partager avec la famille et les amis. Qui sait, peut-être que ça leurs donnera à eux aussi l’envie de venir ici pour voir la Russie Autrement en Carélie?
Статья из http://www.russieautrement.com